lundi 29 octobre 2018

Tour du Mont-Blanc

Après plein de petits bobos et d'hésitations, le départ est donné pour ce tour du Mont-Blanc, "TMB" pour un parcours de 10 jours sur 170 Km et surtout 9450 m de dénivelé positif.
Il est vrai que je ne pars pas en grande forme, mais tout est prévu et verrouillé et mon ami Jean-Paul avec qui je tente cette aventure est également prêt, donc difficile de reculer.
J'avais rencontré Jean-Paul sur le Chemin de Stevenson en 2016 et nous avions gardé le contact et il m'a suggéré de faire ensemble ce TMB.
Le Départ sera donc donné le Samedi 8 Septembre 2018 où depuis Chamonix et le Col du Brévent à 2525 nous nous rendrons à Bionnassay à 1320 m , puis Les Contamines Montjoie à 1164 m , Les Mottets à 1870 m et passage en Italie , La Fodze à 1666 m , Le refuge Bertone à 1989 m situé après Courmayeur , passage en Suisse puis la Fouly à 1593 m , Champex Lac 1466 m ,Trient à 1281 m et retour en France ,Tré-le-Champ 1417 m , la Flégère 1877 m.

Le Jeudi 6 Septembre je prends donc la direction Annecy pour une nuit chez les enfants et le lendemain après midi train pour Chamonix pour y retrouver Jean-Paul qui arrivera de Rennes.
Arrivé à Chamonix et après installation à l'hôtel j'en profite pour visiter d'autant plus que Jean-Paul a raté son train et arrivera tard vers 23h.







Samedi 8 Septembre 2018
Chamonix / Bionnassay
Après avoir tourné un bon moment dans Chamonix pour prendre le départ, nous nous rendons au départ du téléphérique du Brévent qui amène à 2525m.
Pourquoi partir de là plutôt que le départ traditionnel des Houches, Jean Paul a pensé que notre étape vers Bionnassay était un peu courte et méritait d'être allongée et comme de mon coté je n'ai pas regardé, je lui fait confiance.
Arrivés au sommet, c'est grandiose, la vue sur le Mont Blanc et l'Aiguille du Midi est exeptionelle avec le glacier qui s'accroche à la paroi c'est du bonheur de profiter d'un tel paysage.





On a du mal à démarrer tellement c'est beau et après de multiples photos nous voilà partis vers les Houches qui se trouve à 980 d'altitude soit plus de 1500m plus bas.
Le paysage offert est splendide, on découvre au fil des pas des vues sur des lacs, le surplomb de Chamonix, des moutons qui se promènent et qui viennent de je ne sais où.






Le chemin est difficile,  ce n'est que de la descente assez raide et beaucoup d'éboulis qui rendent le sol instable, et il faut regarder en permanence où on mets les pieds et les bâtons ce qui nous oblige à faire des pauses pour contempler le paysage.
Nous arrivons au refuge de Bel-Lachat à 2152m, on se demande comment ils vivent à cet endroit si isolé, le ravitaillement ne se fait que par hélico ou éventuellement par des ânes depuis le téléphérique.
Aussi la saison se termine la semaine prochaine pour cette dame qui dit être là depuis la mi-juin et qui nous confie que l'année dernière au 15 Septembre il y avait déjà 30 cm de neige.


Après un petit café pour Jean Paul, c'est reparti pour cette descente qui n'en fini pas, j'ai les gros orteils qui n'arrêtent pas de se plaindre à force de taper dans le bout des chaussures. Les genoux souffrent également avec cette descente parsemée de plaques de roches glissantes et parfois de marches qui ont été créées pour aménager le parcours tellement le dénivelé est fort.
Des sueurs arrivent quand on glisse ou roule sur les cailloux pour enfin se récupérer in extrémis avec les bâtons, ce qui fait que même les bras et les épaules trinquent, mais le paysage le mérite, le ciel est bleu et décoré avec des parapentistes qui amènent quelques touches de couleurs bariolées.
Alors que nous approchons de 11h30 je vois Jean Paul qui était quelques mètres devant moi butter à plusieurs reprises sur des petits rochers insignifiants qui jalonnent le chemin, je n'y prête pas trop attention car c'est un randonneur averti mais je redouble d'attention pour moi en me disant que la fatigue est là et qu'il va falloir songer à faire une pause.
Mais brutalement dans un lacet très serré il chute et s'allonge de tout son long dans un couloir de rochers, je l'entends crier et se plaindre, j'ai peur qu'il se soit fracturé la jambe, j'arrive près de lui, il se relève péniblement en titubant, sa tète a tapé la paroi rocheuse, il est légèrement ouvert à la pommette et au genoux. Il est tout blanc, je l'aide à s'asseoir, ce n'est pas facile, la pente est raide il n'y a pas beaucoup de place et nos sacs à dos sont encombrants dans cette situation. Je décroche le sien qui déroule dans la pente mais je le récupère. Ça va il est conscient mais vidé et sans forces, après les premiers soins on décide de faire une longue pause et de s'alimenter, il mange ce qu'il peut car sa mâchoire le fait souffrir. Petit à petit je vois que son oeil gonfle et rougit, je ne lui dis rien car il est toujours groguit mais sa vue est bonne.
Au bout d'une heure on décide de repartir, impossible pour moi de prendre son sac, ses jambes le portent quand même et je maîtrise ses pas en aval.
Au fur et à mesure de la descente je vois que son oeil se ferme il s'en rends compte mais n'a pas de problème de vision, on continue la descente, il nous reste encore 2 heures il tiens le coup.
A force de faire des arrêts dans toutes les positions, je commence à mon tour à souffrir des genoux et en particulier celui que j'ai été opéré, et parfois mes jambes s'absentent sous moi et mes orteils crient au secours.
Nous arrivons tant bien que mal aux Houches à une pharmacie où le pharmacien appelle un taxi pour nous emmener au service des urgences de Sallanches car à Chamonix il n'y en a pas hors saison.
Il est 17h il me reste 4h de marche pour le refuge à Bionnassay, c'est ingérable, je prends un taxi, et arrive à l'Auberge de Bionnassay(1320m) vers 18h.


Après la douche, le constat est là, mes ongles sont violets noirs et j'entreprends une coupe à moins que ras pour ne plus taper.
Je suis vanné, je n'ai même pas beaucoup d'appétit et m'inquiète pour la suite, je continue ou pas.
Dans la panique j'ai jugé bon de garder le sac de Jean Paul au cas ou il reviendrai et je crois que j'ai fait une erreur, il n'a pas de rechange et si il reste à hôpital que faire de son sac, en plus c'est lui qui a géré les réservations et l'itinéraire moi je n'ai rien.
Dans la soirée je l'ai au tel, il va être transféré à Annecy pour scanner.
Je fait le point avec lui et récupère les réservations du parcours.
Je verrai demain comment je suis si je continue ou pas et comment je gère son sac.

Dimanche 9 Septembre 2018
Bionnassay / Le Pontet

L'accueil est sympathique dans cette auberge bien fleurie, le couchage dans une sorte de grenier est assez rudimentaire, avec une simple lumière pour tout le dortoir qui compte une trentaine de lit, mais nous ne sommes que 5 donc pas de voisin juste à coté de moi.


Le repas est bon, crudités et sauté de veau avec riz et salade de fruits.
Mais j'ai hâte de me coucher après cette drôle de journée.
La nuit porte conseil et même si je n'ai pas bien dormi a force de réfléchir, je décide de continuer seul, après tout j'ai déjà randonné seul sur Stevenson et si j'arrête je crois que je ne le ferai plus, et Benoit mon fils qui doit me récupérer dans 10 jours à Chamonix n'est peut être pas libre avant.
Après avoir géré le problème du sac à dos de Jean Paul, direction le Pontet.
Le chemin n'a rien à voir avec hier, et même si il y a encore de belles côtes le sentier est large et roulant. Je traverse un beau torrent et remonte par l'autre versant tout en forêt et passe par plein de petits hameaux avec de superbes petits chalets contrairement à la veille il y a de la civilisation, je découvre une scierie en activité et m'attarde un peu.






Église des Contamines-Montjoie
Je franchi le torrent du Bonnant pour continuer ensuite par un chemin en balcon qui me fait découvrir les Dômes de Miage et l'aiguille de la Bérengère. Le chemin qui longe en forêt le torrent du Bonnant ou Bon Nant me conduit à la station des Contamines-Montjoie (1164m) puis à mon étape du soir, il
est 15h, je me dis qu'il est tôt que j'aurais pu continuer car l'étape m'a semblé courte mais ça va me permettre de bien me remettre au point pour les jours suivants car hier soir je n'ai rien fait.
Cette nuit je vais dormir en tente dans ce camping, les tentes sont aménagées avec matelas et duvet.
Je profite vite des sanitaires du camping pour faire un peu de lessive afin que ça sèche vite au soleil.
Le soir le repas est bien copieux, il y a beaucoup de monde qui est arrivé après moi, beaucoup de circuits organisés avec portage des bagages.
Je mange avec un groupe qui termine ce soir le TMB ils me donnent quelques conseils avec un peu de moqueries quand je leur raconte ma mésaventure, ce sont des Catalans ils ont tout vu et connaissent tout. Alors qu'il n'y a pas beaucoup de réseau j'ai quand même réussi à avoir Benoit assez tard et on s'est mis d'accord au cas où j'arrêtais.
La nuit n'est pas encore très bonne, la tente, le duvet, les bruits extérieurs j'ai pas trop l'habitude et je cogite toujours sur la continuation du circuit, demain je ne peux plus faire demi tour, il n'y a plus de transports possibles.
Pas besoin de réveil ce matin, avec le froid sur le nez à 6h15 on est vite réveillé et c'est décidé je continue.

Lundi 10 Septembre 2018
le Pontet / les Mottets

La prochaine étape est au refuge Robert Blanc qui se situe au dessus des Mottets et au pied d'un glacier.
Je continue le circuit tracé par JP car il a fait les réservations versé des arrhes, mais cette étape me semble un peu longue.
En sortant du camping, le ton est donné, ça grimpe, ça grimpe sur des plaques rocheuses parfois mouillées par des effluves de torrent, c'est très joli mais très dur c'est une ancienne voie romaine qui passe à Notre Dame de la Gorge où je fais une pause.

Notre Dame de la Gorge
Je suis les gorges encaissées du torrent Bon Nant qui me laisse voir sa toute puissance.
Je traverse de superbes bois de conifères puis de vastes alpages et une passerelle qui me permet de traverser le torrent.
Je suis dans la réserve naturelle des Contamines Montjoie.







La pente s'accentue je passe de1392m à 2043m au plan des Dames "tumulus" puis par une courte mais raide pente d'éboulis et de quelques névés j'arrive au col du Bonhomme (2329m) pour continuer dans la pierraille jusqu'au col de la Croix du Bonhomme (2479m) puis le col des Fours (2665m), je suis rincé, je fais une belle pause au milieu de ce magnifique paysage, j'ai l'impression d'être seul au monde.
Je domine le Beaufortain , la Tarentaise et le mont Pourri.
La descente n'est pas plus facile avec des plaques de schiste noir qui s'effritent, je surveille mes bâtons que j'ai déplié à fond tellement la pente est raide, parfois je descends même en marche arrière avec les mains au sol pour m'accrocher et je pense souvent à JP en espérant ne pas avoir de problèmes.





Avant le col du Bonhomme j'avais vu un panneau pour le refuge Robert Blanc à 5h15 de marche, et il était 11h, je suis donc bien.
La descente à travers les prairies est maintenant moins forte mais très longue, je traverse plein de ruisseaux avec des cascades plus belles les unes que les autres avec de l'eau fraîche pour se rafraîchir la tête et imprégner mon chapeau, mais bien que je commence à manquer d'eau je n'ose remplir ma gourde.




La ville des glaciers est en vue et je ne dis que ça viens bon il va être 18h ça fait 10 h que je marche.
Arrivé au dernier carrefour je vois un nouveau panneau refuge R Blanc 3h ! Je ne comprends pas, j'essaye de téléphoner, pas de réseau comme bien souvent, je panique un peu, le soleil se couche derrière la montagne et la température baisse rapidement.
Je frappe à une porte de ferme, il y a un refuge à une demi heure, tant pis pour la réservation et les arrhes chez Robert Blanc, je presse le pas en espérant trouver de la place, j'arrive à 19h, c'est bon mais il faut déjà passer à table en restant dans mon jus, la douche sera après.
Le repas est très bien et le potage excellent, mais comme j'ai déjà eu le tour, la fatigue me coupe l'appétit et j'ai hâte de me doucher et dormir.

Vue sur le refuge des Mottets
Ces refuges en réalité sont d'anciennes granges, et les box à vaches sont nos dortoirs en enfilade, et il n'y a pas d'électricité, pas facile pour trouver ses affaires dans son sac. Les repas sont très corrects, on a même ici un petit concert d'orgue de Barbarie, ce qui permet de faire taire tous ces Anglais qui sont épuisants, un manque complet d'éducation, je ne les supporte plus on a l'impression qu'ils sont dans un pays conquis, 80% des personnes que je rencontre sont des Américains et des Anglais.
20h30 je suis couché, mais du mal à m'endormir, toute le journée j'ai vu de magnifiques vaches notamment des Hérens qui sont des vaches de combat, et elles sont toutes belles avec leur cloches, ça donne vraiment un air champêtre, sauf que la nuit elles ne se débranchent pas!

Mardi 11 Septembre 2018
Les Mottets / La Fodze 

Malgré les bruits de cloches, je me suis bien reposé, après cette étape très longue et difficile, j'ai quand même marché 11h hier.
Après une bonne collation c'est le départ à 8h en direction du col de la Seigne pour passer en Italie.
Pas le temps de se mettre en jambes, en sortant du refuge ça grimpe tout de suite et je fais déjà plusieurs pauses la première heure.




Je passe de 1870m à 2516m en deux heures de marche, la vue sur le Mont-Blanc et les aiguilles des Dames-Anglaises est splendide, au col de la Seigne j'entre en Italie dans le Val d'Aoste, les marmottes sifflent les unes après les autres comme un concert de bienvenue, j'en distingue quelques une.
Je récupère aussi du réseau téléphonique et fait une pose cela fait presque 3 jours que je n'ai pas donné de nouvelles.

A gauche la France à droite l'Italie


La descente est belle et encore raide, je franchi un torrent important et quelques névés, croise une ancienne bergerie et parviens à la retenue d'eau du lac de Combal à 1975m, où je fais une pause saucisson.





Arrive un groupe de randonneurs Français, je vais enfin parler avec des gens civilisés.
Ils sont une dizaine avec un guide, je m'accroche derrière eux après cette pause.
Le chemin remonte sec jusqu'à 2430m et je me fait un peu distancer, ils sont plus jeunes, je les rattrapent alors qu'ils viennent de redémarrer d'une pause et je ne m'arrête pas.



Le chemin est long grimpe modérément, mais je me fais à nouveau distancer pour franchir le mont Favre, je descends alors vers le lac Chécrouit à 2165m puis vers le col du même nom 200m plus bas, il fait chaud et je commence depuis un moment à économiser mon eau car mes réserves diminuent, après un long chemin je commence à apercevoir le refuge Maison Vieille, quand j'y arrive je rempli mes gourdes et avale près d'un litre d'eau en moins d'une minute.


Troncs creusés pour viser un sommet et connaître son nom
Le reste ma journée sera de la descente en forets dans des enchevêtrements de racines d'arbres et de forts dénivelés dangereux qui aboutissent sur des pistes de ski et au refuge Monte Bianco à 1666m.


Les français que j'ai rencontrés sont déjà là.
Je m'installe cette fois non pas en dortoir mais dans une chambre qui était prévue pour mon ami JP et moi.
Après une bonne ré hydratation à la bière, on passe à table et je suis invité par mes amis randonneurs qui m'ont gardé une place avec eux.
Le repas préparé par cette maître femme est très copieux et l'endroit très chaleureux.
Je pars me coucher vers 20h30 et trouve une jeune fille dans ma chambre, déjà couchée.
Je suis fatigué......

Mercedi 12 Septembre 2018
La Fodze / Combe de Malatra

Cette prochaine étape était prévue jusqu'au refuge Bertone peu après Courmayeur, mais après avoir recalculé le parcours, je pense que je vais y arriver tôt et que l'étape du lendemain va être très longue.
Changement donc et direction le refuge Bonatti à 2025m, c'est également ce que mon groupe de français a prévu et comme ils marchent plus vite que moi ils me bloqueront une réservation car n'ayant pas encore de réseau je ne peux ni annuler mon refuge prévu ni réserver celui là.
A 6h00, ma voisine de chambre partait déjà, je prévois donc mon départ à 7h30 car il y a quand même de la distance.
En sortant du refuge c'est, et c'est rare que de la descente sans grande difficultés jusque Courmayeur situé à 1226m, j'aperçois l'entrée du tunnel du Mont-Blanc en contre bas, c'est de la balade et je suis toujours avec mon petit groupe, dont les plus jeunes marchent vite, mais je tiens.

Entrée tunnel Mont-Blanc

A Courmayeur j'en profite pour me réapprovisionner en argent liquide, en fruits, tomates et charcuteries.




En quittant la ville par contre c'est reparti, ça grimpe et après une demi tour suite à une erreur de parcours d'une heure, j'arrive au refuge Bertone à 1989m.
Mes compagnons de route sont déjà là et prêts à repartir.
J'en profite pour annuler ma réservation afin de récupérer les arrhes versées, et après mon casse croûte et le plein en eau fraîche, c'est le départ.


Ce mati j'étais en bas
Il y a à ce refuge l'arrivée d'un trek de 233km, les participants sont fous, ils grimpent et dévalent à des vitesses folles dans ces chemins escarpés. Je voudrais bien voir comment ils seront dans vingt ans, probablement avec des prothèses de genoux pour ceux qui n'auront pas eu d'accident plus grave.




D'ici la vue est remarquable sur la chaîne du Mont-Blanc et des Grandes Jorasses mais ça se mérite.
Je traverse quelques alpages, des torrents et des rivières, les dénivelés sont moins raides mais les chemins sont dangereux, constitués d'ardoises effritées, et plaques plantées dans le sol comme des ailerons de requins. Je croise ma voisine de chambre qui retourne sur Courmayeur, elle faisait juste un aller retour au pas de course. Le long de ce chemin je croise aussi un mulet qui transporte les bagages d'un groupe de randonneurs, le chemin est étroit, je m'écarte en tournant le dos au chemin, mais je ne pense pas que l'arrière de l'animal avec ses 150 kg de bagages est plus large que l'avant et sans s'en rendre compte il me bouscule, je m'étale de mon long dans les buissons, heureusement de l'autre côté c'est la vallée le muletier s'inquiète de moi mais tout va bien.


Refuge Bonatti

L'ascension au refuge Bonatti à 2025m est brutale et en plus un taureau Hérens me coupe la route, en écartant mes bâtons à l'horizontal il s'écarte pour me laisser passer.
Mes amis sont là depuis peu, ils ont souffert aussi, et ont pensé à ma réservation.
Après le rituel de la lessive en premier pour que ça sèche, puis de la douche, moi qui ne bois pas beaucoup de bière je m'enfile une 75cl.
Le refuge est composé de plusieurs salles à dormir, dans la mienne 35 couchages je mets mes Ears.
Le repas tiens au corps, polenta, soupe, omelette aux légumes, panna cotta c'est excellent.
Toujours pas de téléphone pour Orange, seul Bouygues passe, je me couche il est 20h00.

Jeudi 13 Septembre 2018
Combe de Malatra / La Fouly

Départ 7h30 pour la Fouly en passant par le refuge Elena 2054m.
Sur ce premier chemin on ne grimpe que de 100m mais la pente est presque à 45° je fais des pas de 10cm "talon pointe". Belles vues sur les glaciers.




Puis ça continue de grimper un peu plus doux mais en continu vers une crête herbeuse et traverse plusieurs ruisseaux avant de parvenir au très beau refuge Elena.





En  quittant le refuge je suis une large sente qui passe à travers les pâturages en traversant des fermes d'alpage où je suis obligé de pousser des vaches dociles qui sont sur mon chemin, je monte ainsi jusqu'au Grand col Ferret 2537m point culminant du TMB avec table d'orientation et cairn, je suis en Suisse Canton du Valais.




A gauche l'Italie à droite la Suisse


La descente se fait à flanc en traversant des prés d'alpage et quelques couloirs bien raides avec des névés tardifs.

Névées
A l'est se trouve le mont Dolent sommet où se rejoignent les trois pays du Mont-Blanc.
Progressivement et après quelques pâturages humides j'arrive à la Fouly 1593m à l'auberge des Glaciers.
Près de l'auberge je retrouve mon petit groupe d'amis qui sont à l'arrêt de bus, ils attendent afin de continuer jusque Trient je crois, ce qui leur fait gagner deux jours de randonnée pour ensuite rentrer et reprendre le boulot lundi.
Finalement j'ai vu qu'il y avait pas mal de personnes qui utilisent les transports en commun quand c'est possible, afin de gagner du temps en fonction bien sûr de leurs disponibilités et fatigue, mais moi j'ai prévu et j'ai le temps.





Vendredi 14 Septembre 2018
La Fouly / Champex-Lac

Il a fallu faire la loi hier soir encore avec ces Anglais et Anglaises en particulier pour avoir le calme pendant le repas, on ne s'entendait plus.
Par contre ils n'y vont pas de main morte les Suisses sur les extras, mon voisin de table a pris un quelconque verre de vin pour 9,50€ j'ai bien fait de rester à l'eau.
Après le petit déjeuner, direction Champex-Lac en suivant la Drance en traversant des hameaux typiques et des maisons avec des greniers en bois montés sur pilotis, coupés par des dalles de pierres pour empêcher les rongeurs de pénétrer dans les réserves, le chemin s'enfonce longuement en forêt en franchissant plusieurs torrents, pour arriver à la belle station de Champex-Lac 1466m station estivale.




Comme c'est aujourd'hui une étape sans grande difficulté, je m'offre en bonus le tour du lac avant d'aller à mon gîte la pension Plein Air.




Après la traditionnelle lessive et douche, je vais faire une petite promenade pour me ravitailler en nourriture pour la fin de mon parcours car je crois que je n'en trouverai plus par la suite.

Samedi 15 Septembre 2018
Champex-Lac / Trient

Il pouvait y avoir mieux que cette pension, repas basique, spaghettis bolo salade glace et la patronne qui a oublié d'être agréable, on sent que c'est le business qui compte. Par contre logement correct, enfin en dortoir.
Direction ce matin pour le col de la Forclaz et nuit à Trient.
Il y a une variante pour rejoindre Trient par la fenêtre d'Arpette mais elle est dangereuse et déconseillée quand on est seul je regrette de ne pas pouvoir la prendre et continue par le chemin classique. Peut être une autre fois!
Départ dans la brume, je passe devant d'autres gîtes que je pense plus sympas avant d'arriver à Champex d'en Haut. Un chemin en sous bois me conduit à Champex d'en Bas, je m'embrouille un peu avec tous ces noms et fait une pause pour bien réfléchir, regarder ma carte, ma boussole, pour ne pas me tromper.






J'arrive sur des alpages et rencontre d'ailleurs un couple qui était parti avant moi du refuge et qui a fait demi tour après s'être trompé.
Encore beaucoup de forêts dans cette portion de trajet et en lisière on domine la vallée du Rhône, de gros dénivelés  me font arriver à 2049m au collet Portalo avec une belle vue sur Martigny.

Martigny


Puis en dévalant la pente j'arrive au col de la Forclaz à 1527m où le soleil est enfin présent et j'en profite pour faire une pause.




En repartant je suis le sentier du Bisse qui est un long canal d'irrigation de 4 km qui conduit l'eau des montagnes aux terrains cultivés et qui parfois servait à amener de la glace des glaciers pour le transport et la conservation des aliments.
Une longue descente me conduit à Trient à l'auberge du Mont-Blanc.




Fondue à la Tomate

Dimanche 16 Septembre 2016
Trient / Tré-le-Champ

Hier soir en arrivant j'ai retrouvé un groupe de randonneurs Chtis que j'avais rencontré au camping du Pontet, ils démarraient leur parcours et avaient eu la judicieuse idée de profiter du camping pour y laisser leur voiture qu'ils retrouveront au retour ce qui est pratique et sans frais de parking.
Je passe la soirée avec eux autour d'une fondue à la tomate.
Le départ est à 8h, à la sortie du village je vois d'autres randonneurs qui eux ont campés sous la tente et qui s'attardent à replier leur matériel qui est bien humide, je ne les envie pas.

Glacier du Trient

Ce matin j'étais en bas
 Le chemin commence à monter très sérieusement, avec des cailloux, des rochers à gérer, des racines d'arbres qui vous tendent des pièges, des cotes à n'en plus finir, si bien que je ne regarde pas trop au loin devant, pour ne pas être découragé, je n'en vois pas le bout,et mon épaule recommence à me faire souffrir.






Suisse à gauche, France à droite

Après 3h30 d'ascension j'arrive par un chemin muletier au col de Balme, la frontière Franco Suisse à 2191m, ce matin je suis parti de 1281m soit 910m de dénivelé.
D'ici on redécouvre sous un autre angle le massif du Mont-Blanc, l'Aiguille Verte, les Aiguilles de Chamonix et les Aiguilles Rouges et sur le versant Suisse la Vallée du Rhône et les Alpes Bernoises.



Glacier du Tour
Descente maintenant vers le col des Posettes, vue sur le barrage de Trient, la descente est très fatiguante et raide, il faut être vigilant et ne pas avoir le vertige tellement les passages sont étroits et mon épaule qui me fait toujours mal.


Barrage de Trient


C'est étroit mais il faut passer



Le passage en forêt n'est pas mieux avec des racines de sapins enchevêtrées et à découvert, je marche au pas pour arriver sans encombre à 16h au refuge, une ancienne bergerie à Tré le Champ 1417m.





Lundi 17 Septembre 2018
Tré-le-Champ / la Flégère 

Cette auberge de la Boerne fait partie d'un petit hameau les constructions sont toutes en bois, y compris toitures et gouttières c'est super beau, par contre tous les couchages sont ventilés dans différentes petites pièces qui devaient être à l'origine des greniers et on est quand même un peu à l'étroit quand on se retrouve 8 personnes, par contre il y a des petits box sympas pour couples.




Le repas est correct à base de viande, riz et fromage.
Le départ le matin se fait à 7h30 c'est ma dernière étape et j'envisage de prendre un Oui bus à Chamonix vers 14h en direction d'Annecy et j'ai entendu parler de passages difficiles avec des escalades au moyen d'échelles.
Les premiers km se font dans un bois clairsemé et par un sentier en balcon qui laisse découvrir le versant Français du massif du Mont-Blanc, pour ne pas changer ça grimpe jusqu'à un plateau qui conduit à une large cheminée pour un parcours plus aérien avec des échelles fixées dans la roche ainsi que des passages en balcon très étroits où on doit se maintenir à des mains courantes, le tout est de ne pas regarder en bas car c'est le vide.







De toute façon il n'est pas question de faire demi tour.
Après un dernier effort dans des éboulis, j'arrive au sommet du plateau de la Tête-au-Vent à 2132m et j'aperçois au loin les remontées mécaniques et le téléphérique de la Flégère que je vais emprunter pour descendre sur les Praz de Chamonix pour continuer ensuite vers Chamonix à une demi heure à pieds. Car le téléphérique du Brévent que j'ai pris le premier jour est maintenant fermé pour la saison.

Cairn de la Tête-aux-Vent




Mer de Glace

La descente s'effectue sans problème avec les dernières belles images du Mont-Blanc sur ma gauche et les torrents issus du lac Blanc à droite.




J'arrive au téléphérique, je contemple pour une dernière fois la Mer de Glace et les Grandes Jorasses à l'horizon....... l'aventure se termine.


Chamonix en vue!
La descente est rapide, et  en bas je réussi à prendre un bus pour Chamonix où j'ai le temps de m'installer à une terrasse pour manger et savourer ce que je viens de faire pendant ces dix jours.
Le retour se fait en bus et à Annecy et Benoit viens me récupérer à la gare.

Je suis heureux d'avoir fait ce TMB, j'ai un regret pour mon ami JP qui a eu ce gros problème, il m'a donné de ses nouvelles, il va mieux sauf les côtes.
Je regrette cependant de ne pas avoir fait le chemin entre les Houches et Bionnassay et passé le col de Tricot, ni la variante par la fenêtre d'Arpette vu que j'étais seul. Mais j'espère les refaire un jour lors d'une randonnée que je consacrerai uniquement à cela.